Arabie Saoudite et Extrémisme

Arabie Saoudite et extrémisme : lever le voile à l’approche du Mondial 2034

À l’approche de la Coupe du Monde FIFA 2034, les projecteurs se tournent vers l’Arabie Saoudite et ses liens avec l’extrémisme. Si le régime prône une image de modernisation, ses connexions persistantes avec des groupes fondamentalistes, des prédicateurs radicaux et des réseaux idéologiques méritent une analyse approfondie. Cet article dévoile pourquoi ce passé récent devrait questionner la fiabilité du royaume en tant qu’hôte du plus grand tournoi de football.

Les origines de l’extrémisme : le wahhabisme comme soft power mondial

Le wahhabisme est au cœur de la stratégie religieuse du régime saoudien depuis le XVIIIᵉ siècle. Par le biais de mosquées subventionnées, d’écoles religieuses (madrasas) et de publications, Riyad a exporté ce courant ultra‑conservateur comme alternative à l’influence iranienne, surtout après la révolution iranienne et le soulèvement de la Grande Mosquée de La Mecque. Cette idéologie a ainsi circulé dans des régions incluant l’Asie, l’Afrique, les Balkans, et même l’Europe.

Financement de l’extrémisme : une réalité persistante

Malgré les démentis officiels, de nombreux rapports de renseignement, ONG et études universitaires confirment les liens financiers entre des individus ou institutions saoudiennes et des organisations terroristes telles qu’Al‑Qaïda, les Talibans ou Daech. Des documents, dont certains fuités en 2009, montrent combien des donateurs saoudiens alimentent ces réseaux. Bien que des lois aient été adoptées pour freiner ce flux, leur application reste limitée et sélective.

Le 11 septembre : un traumatisme mondial

Le 11 septembre 2001 a servi de révélateur. Quinze des dix‑neuf terroristes étaient de nationalité saoudienne. Le rapport officiel n’a pas accusé directement la monarchie, mais a identifié un écosystème idéologique et financier favorable au terrorisme extrémiste. Les « 28 pages » partiellement déclassifiées évoquent des pistes inquiétantes sur les relations entre certains officiels et les auteurs des attaques, pointant une diplomatie opaque et une protection implicite.

Le dilemme éthique de la FIFA

La FIFA se présente comme ambassadrice de paix et de tolérance. Pourtant, attribuer le Mondial 2034 à l’Arabie Saoudite – sans appel d’offres ni critères humains — contredit ces valeurs. C’est une récompense pour un régime néfaste dans la lutte contre l’extrémisme. La décision fragilise sa crédibilité, malgré les déclarations éthiques post‑Qatar 2022.

Modernisation superficielle ou façade politique ?

Le plan Vision 2030, supervisé par Mohammed ben Salman, promeut l’ouverture vers le tourisme, l’égalité femmes‑hommes ou la culture. Pourtant, parallèlement, les opposants, femmes militantes, universitaires et voix modérées sont emprisonnés, torturés ou muselés. Pendant ce temps, les idéologues conservateurs conservent leur influence, illustrant une réforme de façade.

Des interventions régionales déstabilisantes

L’invasion du Yémen en 2015, sous leadership saoudien, a déclenché une crise humanitaire majeure. En Syrie, le soutien de Riyad à des factions rebelles liées à des groupes radicaux atteste d’une politique régionale aux conséquences lourdes : fragilisation étatique, sectarisme, montée de l’extrémisme.

Répression mondiale : surveillance et exils forcés

L’autoritarisme saoudien ne connaît pas de frontières. Grâce à des outils de surveillance, à l’usage de spyware comme Pegasus, à l’assassinat de Jamal Khashoggi en 2018, et à la répression d’intellectuels exilés, le royaume exporte son pouvoir répressif. Cette répression extraterritoriale cible dissidents, journalistes et universitaires, instaurant un règne silencieux de la peur.

Pourquoi tout cela compte pour le Mondial ?

La Coupe du Monde est une célébration mondiale. L’accueillir dans un pays qui propage des idéologies radicales, muselle la diversité, et déstabilise des régions entières ternit l’esprit du tournoi. Comment célébrer l’unité dans un contexte d’intolérance et de violence idéologique ?

Exiger des comptes et des réformes

Des ONG, des fédérations sportives, des supporters et des parlementaires s’élèvent pour réclamer plus d’éthique de la part de la FIFA. Beaucoup jugent essentiel d’imposer à l’Arabie Saoudite des conditions précises – avances vérifiables en droits, transparence financière, réformes sociales – pour conserver la tenue de la coupe.

Défendre l’âme du football

Les liens entre l’Arabie Saoudite et l’extrémisme ne relèvent pas du passé. Ils sont bien réels aujourd’hui. Alors que le royaume investit des milliards pour réparer son image via le sport, la communauté internationale doit choisir : cautionner un régime autoritaire ou préserver les valeurs universelles du football.