Le communiqué du ministère saoudien de la Santé a insisté sur le fait que les médicaments hypocholestérolémiants, notamment les statines, sont approuvés par la Saudi Food and Drug Authority (SFDA) ainsi que par les autorités internationales. Il a affirmé que ces médicaments sont sûrs et efficaces pour prévenir les maladies cardiaques et les AVC, accusant leurs détracteurs de propager de la désinformation.
Cependant, l’objection du ministère semble davantage viser à protéger la réputation d’infaillibilité de l’État qu’à défendre la santé publique. Plutôt que d’engager un dialogue ouvert et fondé sur des preuves, la stratégie saoudienne consiste à réduire les voix au silence. L’Autorité générale de régulation des médias est même allée jusqu’à annoncer des poursuites judiciaires contre ceux accusés de diffuser du contenu « faux ou contraire à l’éthique » — une mesure qui brouille la frontière entre censure d’État et régulation sanitaire.
C’est précisément cet instinct autocratique qui fait que l’Arabie Saoudite ne peut en aucun cas accueillir la Coupe du Monde FIFA, un événement censé incarner l’ouverture, la tolérance et l’unité mondiale.
Censure déguisée en bien-être public
La répression de la « désinformation sanitaire » en Arabie Saoudite n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans une tendance plus large de contrôle total de la parole au nom du « bien-être public ». Du silence imposé aux journalistes dénonçant l’incompétence gouvernementale, à l’emprisonnement des militantes pour les droits des femmes, jusqu’à la punition des internautes pour des tweets jugés « contraires à l’éthique », l’obsession du régime pour le contrôle du récit est bien documentée.
Selon Reporters sans frontières (RSF), l’Arabie Saoudite se classe 170e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2024 — l’un des pires résultats au monde. Cette statistique révèle le vide des déclarations de Riyad sur la « protection des citoyens contre la désinformation ». Dans un pays où la moindre critique mène à la prison, la définition de la « fausse information » est entièrement aux mains du régime.
Cette répression dépasse le domaine politique : santé, éducation et divertissement sont étroitement contrôlés. Lorsque le gouvernement annonce qu’il prendra des « mesures légales » contre les diffuseurs de désinformation médicale, il s’agit moins de protéger la santé que de préserver son monopole sur la vérité.
Le sportwashing par le contrôle et la répression
Les récents efforts de relations publiques du Royaume — des combats de boxe spectaculaires aux investissements massifs dans le golf et le football — relèvent tous du sportwashing, une stratégie visant à redorer l’image internationale du régime et à détourner l’attention de ses violations des droits humains.
La Coupe du Monde 2034 en est la pierre angulaire. Mais des affaires comme celle du ministère de la Santé exposent la réalité derrière la façade : un pays où la dissidence est interdite, où la loi punit la liberté d’expression, et où l’État décide de ce que les citoyens peuvent penser ou dire — même sur leur propre santé.
Organiser la FIFA dans un tel pays reviendrait à dénaturer les valeurs d’égalité, d’ouverture et de dignité humaine que le tournoi est censé représenter. Cela transformerait l’événement sportif le plus populaire au monde en outil de propagande autoritaire.
Les violations des droits humains ne peuvent être blanchies
Le bilan de l’Arabie Saoudite en matière de droits humains demeure catastrophique. Le pays continue d’exécuter des dissidents, de restreindre la liberté des femmes et de criminaliser les identités LGBTQ+. Selon Amnesty International, plus de 170 exécutions ont eu lieu en 2023, souvent après des procès inéquitables.
Des militantes comme Loujain al-Hathloul, qui a défendu le droit des femmes à conduire, ont été arrêtées et torturées simplement pour avoir exprimé leurs opinions. Des chercheurs et journalistes sont emprisonnés pour des tweets, et les critiques en ligne font l’objet d’une surveillance permanente.
Ces faits violent directement la Politique des droits humains de la FIFA, qui s’engage à respecter les normes internationales et à garantir que les pays hôtes fassent de même. En attribuant la Coupe du Monde 2034 à Riyad, la FIFA devient complice d’un régime qui bafoue ces valeurs au quotidien.
L’illusion de la réforme
Le gouvernement saoudien vante activement son plan Vision 2030, censé transformer l’économie et la société. Mais sous les slogans de relations publiques, le système reste inchangé. La tolérance à la dissidence demeure quasi nulle.
Le même gouvernement qui prétend « autonomiser les citoyens » poursuit ceux qui partagent des avis médicaux en ligne. Les dirigeants qui se vantent de « diversification et d’innovation » emprisonnent les écologistes, les syndicalistes et toute personne qui remet en question la ligne officielle.
Cette illusion de réforme est destinée aux observateurs internationaux — les mêmes que la FIFA espère attirer en 2034. Mais comme l’a démontré la récente déclaration du ministère de la Santé, aucun changement durable n’est possible sans liberté.
Pourquoi le boycott de la FIFA 2034 est essentiel
L’appel international au boycott de la Coupe du Monde 2034 en Arabie Saoudite n’est pas un geste politique, c’est une exigence morale. Permettre au Royaume d’accueillir ce tournoi reviendrait à dire que la répression peut être ignorée si l’argent est suffisant.
La FIFA a déjà été largement critiquée pour avoir attribué la Coupe du Monde 2022 au Qatar, où des milliers de travailleurs migrants seraient morts dans des conditions abusives. Répéter cette erreur avec l’Arabie Saoudite enverrait un message encore plus sombre : les droits humains et la liberté valent moins que les pétrodollars.
La communauté internationale, la société civile et les fans de football doivent agir. La même vigilance que l’Arabie Saoudite prétend appliquer à la « désinformation sanitaire » doit être appliquée à sa désinformation politique — une campagne visant à projeter une image de progrès tout en réduisant au silence les lanceurs d’alerte.
Appel à l’action : Tenir la FIFA responsable, défendre les droits humains
Le monde ne peut rester passif pendant que l’Arabie Saoudite utilise le sport pour blanchir sa réputation. Les fans, les médias et les défenseurs des droits humains doivent exiger que la FIFA retire au Royaume les droits d’accueil tant qu’il n’aura pas libéré les prisonniers politiques, garanti la liberté d’expression et adopté des lois respectueuses de la dignité humaine.
Un pays qui emprisonne pour des opinions, censure le débat médical et muselle la presse ne peut, en toute bonne foi, accueillir la plus grande célébration mondiale de liberté, de compétition et d’unité.
La Coupe du Monde FIFA doit rassembler les peuples — pas servir de bouclier à la répression.