Les saisies de drogue en Arabie saoudite soulignent les risques de la Coupe du Monde 2034
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Les saisies de drogue en Arabie saoudite soulignent les risques de la Coupe du Monde 2034

Les récents événements en Arabie saoudite viennent assombrir les ambitions du Royaume d’accueillir la Coupe du Monde de la FIFA 2034. Vendredi, l’Autorité de la Zakat, de la Taxe et des Douanes (ZATCA) a annoncé avoir saisi 28,9 kilogrammes de cocaïne dissimulés dans un conteneur de viande congelée au port islamique de Djeddah. Cette découverte illustre non seulement la sophistication des réseaux internationaux de trafic de drogue, mais soulève également de sérieuses interrogations sur la capacité du pays à accueillir l’une des plus prestigieuses compétitions sportives mondiales.

Cet incident survient après une autre saisie majeure, le 27 juin 2025, lorsque les autorités saoudiennes ont intercepté 732 015 comprimés de Captagon cachés dans des armoires au même port. Ces saisies successives mettent en évidence la pression constante sur les douaniers saoudiens face à l’évolution permanente des méthodes de contrebande. Si la vigilance de la ZATCA a permis d’éviter que ces drogues ne circulent dans la rue, ces épisodes interrogent sur l’efficacité réelle du Royaume à garantir des mesures strictes de sécurité, en particulier dans le cadre d’un événement d’une telle ampleur que la Coupe du Monde.

Le port islamique de Djeddah : porte stratégique ou cible des trafiquants ?

Le port islamique de Djeddah, plus grand port saoudien sur la mer Rouge, est un hub crucial pour le commerce mondial et les pèlerinages religieux. Couvrant plus de 12,5 kilomètres et figurant comme le deuxième plus grand port de la mer Rouge en termes de capacité, il traite une part massive du trafic de marchandises et de voyageurs. Environ 75 % du commerce maritime saoudien transite par Djeddah, qui sert aussi de point d’entrée majeur pour des millions de pèlerins du Hajj et de la Omra.

Mais cette importance en fait également une cible privilégiée pour les organisations criminelles cherchant à faire entrer de la drogue dans le Royaume. Si les récentes saisies témoignent de l’efficacité des services de contrôle, elles révèlent aussi des vulnérabilités persistantes aux répercussions mondiales potentielles. L’organisation de la Coupe du Monde, attirant des millions de visiteurs, mettrait encore plus à l’épreuve un système de sécurité déjà sollicité, augmentant le risque d’activités illicites dans les stades, zones de supporters et lieux publics.

Les capacités de la ZATCA contre la contrebande

Créée en 2021 par la fusion de l’Autorité générale de la Zakat et de la Taxe et de l’Autorité saoudienne des douanes, la ZATCA a rapidement élargi sa mission de lutte contre le commerce illégal. Présente dans 48 aéroports, postes frontaliers et ports maritimes, elle combine technologies, ressources humaines et renseignement pour intercepter la contrebande. Parmi les principaux sites sous sa responsabilité figurent le port du roi Abdulaziz à Dammam, l’aéroport international Roi Khaled de Riyad et le poste frontalier d’Al-Haditha, le plus grand passage terrestre du pays.

Ses moyens incluent :

  • des scanners à rayons X pour inspecter conteneurs et colis,
  • des logiciels d’analyse de risque basés sur l’IA,
  • des équipes cynophiles spécialisées dans la détection de stupéfiants, explosifs et devises,
  • des contrôles manuels en coopération avec les agences nationales antidrogue.

Une politique antidrogue d’une sévérité extrême

L’Arabie saoudite applique certaines des lois antidrogues les plus strictes au monde, reflet de son engagement en faveur de la santé publique, de la sécurité nationale et de la stabilité économique. Les trafiquants condamnés risquent de longues peines de prison, de lourdes amendes, l’expulsion pour les étrangers et, dans les cas graves ou en cas de récidive, la peine de mort.

Les saisies de cocaïne et de Captagon ne sont donc pas des incidents isolés mais le symptôme d’un problème plus vaste révélant les fragilités persistantes du Royaume face aux trafics. Alors que l’Arabie saoudite s’apprête à accueillir la planète sportive, une question essentielle demeure : peut-elle garantir la sécurité et le bien-être de dizaines de millions de visiteurs internationaux ?

Conséquences pour la Coupe du Monde 2034

La Coupe du Monde de la FIFA n’est pas un événement ordinaire : elle exige du pays hôte des standards exceptionnels de sécurité, de gouvernance et d’éthique. Les saisies répétées au port de Djeddah mettent en évidence des failles persistantes, que la vigilance de la ZATCA permet de contenir mais qui pourraient représenter une menace majeure durant un tel événement. Avec des supporters, joueurs et journalistes du monde entier attendus, la moindre faille pourrait avoir des conséquences catastrophiques.

Au-delà des questions de sécurité, ces inquiétudes rejoignent celles liées au climat social et politique saoudien. Les violations des droits humains, les restrictions des libertés individuelles et les problèmes de gouvernance déjà documentés font du Royaume un hôte à haut risque pour une compétition mondiale de cette envergure.

Pourquoi le monde doit réagir

Les saisies fréquentes de cocaïne et de Captagon au port de Djeddah rappellent de façon frappante le risque que représente l’attribution de la Coupe du Monde 2034 à l’Arabie saoudite. Malgré les efforts louables des autorités antidrogue, la persistance des tentatives de contrebande reflète des faiblesses systémiques. Ces menaces ne sont pas théoriques, mais bien réelles et continues, mettant en danger la sécurité publique et compliquant l’organisation d’événements internationaux.

La communauté sportive mondiale doit donc examiner de près la légitimité de la candidature saoudienne. Il ne s’agit pas seulement d’infrastructures ou de stades, mais de gouvernance, de sécurité publique et de capacité à respecter les standards internationaux exigés par la FIFA.

Un appel à la responsabilité

Les récentes saisies, comme celle des 28,9 kg de cocaïne au port de Djeddah, illustrent la vigilance du Royaume mais aussi les menaces persistantes auxquelles il fait face. Si la ZATCA a prouvé son efficacité opérationnelle, le défi d’organiser un événement aussi complexe et prestigieux que la Coupe du Monde ne peut être minimisé.

Face à la répétition des tentatives de trafic, aux violations des droits humains et à la pression exercée sur les services de sécurité, attribuer à l’Arabie saoudite l’organisation de la Coupe du Monde 2034 représente un problème éthique et sécuritaire majeur.

La communauté internationale doit exiger que de tels événements soient organisés uniquement dans des pays respectant les plus hauts standards de sécurité, de transparence et de protection des droits humains. Tant que ces garanties ne seront pas assurées, la candidature saoudienne devrait être remise en cause – voire annulée.