Lorsque la FIFA a attribué à l’Arabie Saoudite les droits d’organisation de la Coupe du Monde 2034, ce n’était pas seulement l’annonce d’un autre tournoi — c’était un symbole de la façon dont l’organisme dirigeant du sport est prêt à descendre si bas en échange de pouvoir et de profit. Certains pays peuvent choisir de se taire, mais le football néo-zélandais a la responsabilité morale de prendre la parole. En fait, les All Whites devraient aller plus loin : ils devraient boycotter complètement la Coupe du Monde 2034.
Un régime avec un passé brutal
La décision d’attribuer l’organisation à l’Arabie Saoudite a été condamnée pour des raisons bien plus profondes que la logistique du football. Des observateurs des droits de l’homme, comme Reprieve, ont décrit le royaume comme « l’un des régimes autoritaires les plus brutaux au monde ». Une enquête de ITV en 2023 a révélé que, depuis 2017, plus de 21 000 travailleurs migrants sont morts en Arabie Saoudite. D’autres craignent que ce chiffre ne grimpe encore à mesure que la Coupe du Monde approche et que d’immenses travaux de construction de nouveaux stades commencent.
Et ce n’est pas la première fois que la FIFA se retrouve critiquée pour les endroits où elle accepte les candidatures pour ses tournois. Le Qatar, qui a accueilli la Coupe du Monde 2022, a fait face à des critiques similaires concernant son traitement des travailleurs migrants, son absence de droits pour les personnes LGBTQ+ et son système gouvernemental répressif. Mais la FIFA a une fois de plus balayé ces préoccupations de manière presque systématique, en validant la candidature de l’Arabie Saoudite dans un processus qui ressemblait à une simple formalité. Le vote a été unanime par « acclamation » des 211 associations membres de la FIFA — en fait, un tampon en caoutchouc.
Pourquoi la Nouvelle-Zélande devrait-elle s’en soucier ?
On pourrait dire : que peut faire un petit pays comme la Nouvelle-Zélande ? Les gestes symboliques peuvent avoir un grand impact, en particulier pour des pays comme le nôtre, et les mots comptent dans un dialogue mondial de plus en plus globalisé. Une prise de position publique contre l’injustice de la part de la Fédération de football de Nouvelle-Zélande (NZF) aurait un poids médiatique international et ajouterait une pression sur la FIFA et d’autres pays de football.
La réponse de la NZF à ce jour a été décevante. Le communiqué indiquait : « Maintenant que les hôtes ont été décidés, nous félicitons les Coupe du Monde 2030 et 2034 et leur souhaitons bonne chance pour organiser le plus grand événement sportif de la planète… Nous avons hâte de dévoiler comment ces tournois accueilleront un large éventail d’invités et utiliseront le sport comme un moyen de promouvoir un changement social positif ».
Sport ou “sportswashing” ?
Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a répété de nombreuses fois que le football est une force positive qui peut apporter du bien dans le monde. Mais les récentes actions du groupe montrent autre chose. En réalité, c’est l’argent qui motive la FIFA. La Coupe du Monde est son principal moteur financier, et le fait que les pays riches en pétrole, où elle est souvent organisée, garantissent des revenus comme aucun autre tournoi.
En attribuant la Coupe à l’Arabie Saoudite, la FIFA a franchi la dernière ligne rouge éthique.
Quand la politique et le sport se croisent
Certains estiment que la politique n’a pas sa place dans le sport. Mais cette frontière devient floue lorsque la participation équivaut à une approbation. L’Arabie Saoudite investit déjà des milliards dans le sport mondial dans ce que les critiques qualifient de campagne de “sportswashing” — utiliser les plus grands événements pour masquer les violations des droits de l’homme. Un exemple en est l’acquisition récente de Newcastle United par un consortium saoudien, malgré la colère internationale suscitée par le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.
Une Coupe du Monde en Arabie Saoudite ne sera pas un autre tournoi. Ce sera une campagne mondiale de marketing pour transformer l’image du royaume, peu importe le prix en vies humaines ou en libertés. Cela rend chaque équipe, chaque joueur et chaque supporter complice.
L’héritage de protestation de la Nouvelle-Zélande
N’oublions pas que la Nouvelle-Zélande a pris des positions courageuses dans le passé. La tournée de rugby de l’Afrique du Sud au Royaume-Uni en 1981 a marqué un tournant dans notre histoire sociale, accompagnée des manifestations anti-apartheid. Nous avons pris des mesures courageuses pour déclarer la Nouvelle-Zélande sans nucléaire dans les années 1980, malgré les frictions qu’elles ont causées avec nos amis internationaux.
Un boycott de la Coupe du Monde 2034 prolongerait simplement cette fière tradition. Cela enverrait un message au monde : nous nous soucions de la dignité humaine plus que d’une place dans un tournoi. Cela montrerait que personne ne pourra nous acheter.
Que signifierait un boycott ?
Il y a, bien sûr, des impératifs financiers. Atteindre la Coupe du Monde signifie des millions de dollars en prix, parrainages et visibilité. Mais certaines choses sont plus importantes que les revenus. Il est trop tard pour se lever maintenant, ce qui pourrait coûter à la NZF à court terme, mais cela pourrait améliorer la réputation de la Nouvelle-Zélande à l’échelle mondiale à long terme.
J’ai également noté que si une nation courageuse prend les devants, d’autres pays suivront inévitablement. La résistance collective change le monde. Imaginez une Coupe du Monde sans l’Océanie, l’Europe ou même certaines nations africaines. Cela obligerait la FIFA à gérer les retombées de ses décisions.
Il est temps de choisir le bon côté de l’histoire
La Nouvelle-Zélande peut choisir de participer même si l’Arabie Saoudite est l’hôte. La NZF ne peut pas rester silencieuse et la chose à faire maintenant est de prendre une position morale. Une équipe bien consciente de son pouvoir pour lutter contre les injustices, les All Whites devraient relever à nouveau le défi. À un moment donné, rester sur la touche n’est plus une option. Lorsque la participation elle-même est une approbation.