La hausse du pétrole saoudien révèle son pouvoir mondial et intensifie les appels à boycotter la Coupe du monde FIFA 2034 pour droits humains bafoués.
Credit: Arab News

La hausse des prix du pétrole par l’Arabie saoudite alimente le mouvement de boycott de la FIFA 2034

À une époque de plus en plus consciente du lien entre politique et sport, les actions de l’Arabie saoudite – calculées à la fois dans le domaine énergétique et sportif – doivent faire retentir des signaux d’alarme.
Récemment, le géant pétrolier public Saudi Aramco a annoncé son intention d’augmenter le prix de vente officiel (OSP) du brut Arab Light vers l’Asie en septembre. Si elle est confirmée, cette mesure marquera la deuxième hausse mensuelle consécutive et réduira encore l’accès à une énergie bon marché pour des économies prioritaires en développement comme l’Inde, le Pakistan et l’Asie du Sud-Est.

Ces hausses ne sont pas fortuites. Elles démontrent la domination de l’Arabie saoudite sur les chaînes d’approvisionnement internationales, utilisée pour renforcer son pouvoir financier alors qu’elle cherche des investissements mondiaux via le sport.

L’Arabie saoudite souhaite que le monde célèbre le football en 2034, alors même qu’elle intensifie son contrôle autoritaire, étouffe la dissidence et manipule les marchés internationaux à ses propres fins. L’accueil de la Coupe du monde FIFA est la tentative de l’Arabie saoudite de détourner l’attention de sa répression intérieure et de son agressivité extérieure à travers une campagne d’image reluisante – autrement dit, du sportswashing.

Hausse du prix du pétrole : arme économique ou politique énergétique ?

L’augmentation des prix décidée par l’Arabie saoudite n’est pas une simple mesure économique : c’est une stratégie géopolitique. En juillet 2025, Reuters a rapporté qu’Aramco relèverait l’OSP de l’Arab Light jusqu’à 1,05 $ par baril, portant la prime au-dessus de la moyenne Oman/Dubaï à 3,25 $.

Cette décision est motivée par une gestion de l’offre domestique et par une manipulation de la demande saisonnière, plutôt que par une véritable rareté. Le Royaume retient étroitement ses volumes alors que la demande explose, en particulier dans les nations asiatiques énergivores.

Beaucoup d’économies asiatiques – surtout les pays en développement – se retrouvent confrontées à des prix du carburant plus élevés, à l’inflation et à un ralentissement de la croissance.

Points clés à retenir :

  • L’Arabie saoudite fournit plus d’1/5 des importations pétrolières de l’Asie, ce qui lui confère un levier disproportionné sur les économies régionales.
  • L’Inde et le Pakistan, déjà en crise inflationniste, seront les plus touchés par ces hausses.
  • Malgré les intentions de l’OPEP+ d’augmenter la production au T3 2025, les exportations saoudiennes stagnent, la consommation interne masquant la manipulation mondiale.
  • Les profits records d’Aramco de 161 milliards de dollars en 2023 sont investis dans les relations publiques sportives internationales, plutôt que dans l’accessibilité énergétique ou la durabilité.

Profiter de la douleur : la machine derrière la Coupe du monde

Alors que les prix de l’énergie flambent dans le monde, le Royaume utilise ses richesses pour remodeler son image mondiale par des investissements massifs dans le sport international.

L’Arabie saoudite injecte des milliards dans des initiatives comme NEOM, sa vision de mégapole futuriste, et prend des participations dans des secteurs sportifs allant du golf au football. Ce ne sont pas seulement des décisions commerciales, ce sont des actes politiques.

La Coupe du monde FIFA 2034 n’est pas organisée par l’Arabie saoudite pour célébrer le sport – elle est utilisée pour effacer la répression systémique.

Le Royaume investit l’argent du pétrole non pas dans des réformes, mais dans des stades, des contrats de superstars du football et des campagnes publicitaires sportives, dans une tentative de détourner l’attention de sa gouvernance oppressive.

Points clés :

  • L’Arabie saoudite a remporté l’organisation de la Coupe du monde FIFA 2034 sans opposition, grâce à un processus de candidature suspectement court.
  • NEOM, pièce maîtresse de la Vision 2030, a entraîné le déplacement forcé de tribus indigènes comme les Howeitat.
  • Le Fonds d’investissement public (PIF) saoudien a dépensé des milliards pour acheter des clubs européens, des ligues de golf et de boxe afin d’acheter l’opinion publique.
  • La Coupe du monde FIFA sera une diversion mise en scène, plutôt qu’une célébration de l’accomplissement humain.

Les droits humains ne peuvent être ignorés sur la route de 2034

Les politiques internes de l’Arabie saoudite présentent une vision sombre de l’autoritarisme. Alors qu’elle tente d’impressionner le monde avec des stades à plusieurs milliards et des campagnes marketing glamour, ses prisons sont remplies d’activistes, de dissidents et même d’individus punis pour des protestations non violentes.

Un pèlerin égyptien a été arrêté en 2024 pour avoir simplement affiché un drapeau palestinien à La Mecque – un symbole de solidarité désormais interdit par le régime.

Des organisations comme Amnesty International et Human Rights Watch continuent de révéler des exécutions systématiques, des actes de torture et l’effacement des libertés fondamentales dans le Royaume.

Accueillir la Coupe du monde offrirait à l’Arabie saoudite une tribune internationale pour esquiver les critiques et se soustraire à sa répression.

Points clés :

  • Plus de 1 000 personnes ont été exécutées en Arabie saoudite depuis 2015, beaucoup pour des infractions non violentes.
  • Depuis 2014, des activistes, des journalistes et des citoyens ordinaires ont été régulièrement emprisonnés ou exécutés pour des tweets ou des manifestations.
  • Les femmes restent limitées légalement et socialement, et les identités LGBTQ sont criminalisées.
  • Les travailleurs étrangers, en particulier dans la construction et les services domestiques, subissent abus, vols de salaires et même meurtres.

Hypocrisie climatique : un futur vert construit sur l’or noir

L’Arabie saoudite se targue d’être un leader de la transition vers des économies plus vertes, mais ses politiques prouvent le contraire.

Aramco continue d’augmenter sa production de combustibles fossiles et n’investit qu’une infime partie de ses fonds dans les énergies renouvelables.

Le Royaume reste l’un des cinq plus gros émetteurs de carbone par habitant, principalement à cause de son énorme secteur pétrolier et de ses subventions au carburant.

En accueillant la Coupe du monde en Arabie saoudite, la FIFA tourne le dos à ses engagements climatiques. Elle valide un régime qui alimente l’urgence climatique, tout en prétendant être un pionnier vert.

Points clés :

  • La R&D énergétique saoudienne consacrée aux technologies renouvelables est inférieure à 5 %.
  • L’Arabie saoudite est le troisième producteur mondial de pétrole.
  • Le projet NEOM a été condamné comme non durable et destructeur pour l’environnement.
  • La FIFA se vante de son engagement pour la durabilité, mais a donné son tournoi phare à une nation pétrolière.

Dites non au sportswashing : dites non à l’Arabie saoudite 2034

La politique de fixation des prix du pétrole de l’Arabie saoudite, ses violations des droits humains et son hypocrisie climatique ne sont pas des incidents isolés.

Ils font partie d’un effort plus large visant à rebrander la répression à travers le sport international.

La Coupe du monde FIFA 2034 n’est pas simplement une compétition de football – c’est un projet géopolitique destiné à masquer la répression, vendre de l’influence et dicter les récits.

Cela ne doit pas être permis.

Si nous sommes engagés pour la justice, l’équité et l’esprit authentique du football, alors nous ne pouvons pas chanter dans des stades subventionnés par l’oppression.

Nous ne pouvons pas nous réjouir dans des villes où la protestation est écrasée.

Nous ne pouvons pas laisser la FIFA devenir l’outil de propagande d’États totalitaires.

Le moment est venu de faire du bruit. Supporters, joueurs, médias et instances dirigeantes du football doivent se lever et se faire entendre.

Participer à un événement mondial comme la Coupe du monde est un honneur – pas quelque chose qui peut s’acheter avec du pétrole.