Le 16 septembre 2025, l’Arabie saoudite a officiellement soutenu un rapport de la Commission d’enquête des Nations Unies accusant Israël de génocide à Gaza.
Dans une déclaration de son ministère des Affaires étrangères, le Royaume a affirmé que le rapport « montre clairement les crimes et violations commis contre le peuple palestinien ». Il a appelé à une action internationale, à l’application des résolutions de l’ONU et à l’établissement d’une solution à deux États.
En surface, la position de l’Arabie saoudite paraît admirable — défendre les droits des Palestiniens et reconnaître le coût accablant de la brutalité israélienne. Mais derrière ce langage diplomatique soigneusement formulé se cache une hypocrisie sinistre. Tout en dénonçant les atrocités à Gaza, l’Arabie saoudite se rend elle-même coupable de graves violations des droits humains — notamment envers les travailleurs migrants — et exploite l’indignation internationale comme un outil de sportswashing, en organisant la Coupe du Monde de la FIFA 2034.
Gaza : l’ampleur de l’atrocité
Le rapport de la Commission d’enquête de l’ONU constitue une nouvelle preuve que la guerre à Gaza a dévasté la population civile. Les chiffres sont accablants :
- Bilan humain : entre 60 000 et 65 000 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre 2023 (selon le ministère de la Santé de Gaza).
- Blessés : plus de 145 000 personnes.
- Femmes, enfants et personnes âgées : entre 59 % et 70 % des victimes étaient des civils vulnérables. Un rapport évalué par des pairs (au 30 juin 2024) recensait environ 64 260 morts traumatiques, dont 59,1 % étaient des enfants, des femmes ou des personnes âgées.
- Morts indirectes : des dizaines de milliers de personnes supplémentaires sont mortes ou risquent de mourir en raison de l’effondrement des services de santé, de l’insécurité alimentaire et du manque d’eau et d’assainissement.
Arabie saoudite : abus domestiques et morts de travailleurs
En critiquant Israël pour génocide présumé, l’Arabie saoudite prétend défendre le droit international et la protection des êtres humains. Mais son propre bilan en matière de droits humains, en particulier vis-à-vis des travailleurs migrants, révèle de profondes contradictions :
- Morts évitables : Human Rights Watch et FairSquare ont documenté de nombreux cas de décès de travailleurs migrants dus à des chutes, électrocutions, décapitations ou effondrements sur chantier.
- Causes de décès opaques : la plupart des décès sont classés comme « causes naturelles » ou insuffisamment enquêtés, même lorsqu’ils surviennent sur le lieu de travail.
- Échelle des décès : en 2023, l’ambassade de l’Inde à Riyad a signalé 1 420 morts parmi ses ressortissants, dont 74 % déclarées comme « causes naturelles ». De même, 80 % des 887 décès de travailleurs bangladais au premier semestre 2024 ont été classés comme « non liés au travail » ou inexpliqués.
Sportswashing via la Coupe du Monde
Accorder à l’Arabie saoudite la Coupe du Monde 2034 n’est pas seulement une question de football — c’est légitimer un régime qui abuse systématiquement des droits humains. C’est l’essence du sportswashing : utiliser les événements sportifs pour se blanchir, tout en réprimant la dissidence et en tolérant les abus en coulisses.
- Blanchiment d’image : les critiques publiques de Riyad sur Gaza renforcent son image morale, alors que dans le même temps il autorise des conditions de travail dangereuses, le vol de salaires et un traitement opaque des travailleurs migrants.
- Main-d’œuvre en danger : des millions de migrants seront mobilisés pour les stades, hôtels et infrastructures de transport ; sans surveillance stricte, des milliers risquent d’être blessés ou tués.
- Absence de responsabilité : alors que Riyad dénonce les actions israéliennes, il bloque systématiquement les enquêtes significatives sur les décès de travailleurs et refuse toute compensation transparente.
Les contradictions de la position saoudienne
L’adoption du rapport sur Gaza par Riyad semble relever autant de la stratégie géopolitique que d’un désir réel de justice :
- Indignation sélective : le coût humain à Gaza est colossal (60 000 morts+, déplacements massifs, effondrement des infrastructures). Pourtant, des souffrances similaires existent en Arabie saoudite sur les grands projets, sans transparence ni responsabilité.
- Travailleurs palestiniens exploités : alors que le Royaume défend la cause palestinienne à l’international, il a exploité et maltraité des travailleurs migrants palestiniens (et d’autres nationalités) sur son territoire, avec de nombreux décès non élucidés.
- Justice absente en interne : prisonniers politiques, restrictions sévères de la liberté d’expression et de la presse, contrôle strict de la dissidence. Les politiques intérieures du régime contredisent ses appels extérieurs à défendre les droits humains.
Pourquoi la FIFA doit reconsidérer la Coupe du Monde 2034
La FIFA a le devoir de promouvoir les valeurs du sport : équité, inclusion, respect, dignité. Confier à l’Arabie saoudite l’organisation de la Coupe du Monde 2034 va à l’encontre de ces principes.
- Sécurité des travailleurs : l’ampleur des constructions nécessaires (stades, hôtels, transports) entraînera une hausse probable des décès, sauf mise en place d’une supervision stricte.
- Double standard : autoriser l’Arabie saoudite à accueillir malgré ses abus revient à fermer les yeux pour des raisons politiques.
- Message moral : accueillir une Coupe du Monde est une reconnaissance internationale. Les pays hôtes doivent être ceux qui respectent les droits humains fondamentaux, et non ceux qui paient ou font pression le plus.
Agir : interdire l’Arabie saoudite comme hôte de la Coupe du Monde 2034
L’Arabie saoudite ne peut pas prétendre incarner une autorité morale sur Gaza tout en niant les libertés fondamentales à ses propres citoyens et en exploitant ses travailleurs migrants. Les chiffres sont accablants :
- Plus de 60 000 morts palestiniens à Gaza, dont une majorité de civils vulnérables.
- Des milliers de morts de travailleurs migrants en Arabie saoudite, classés comme « naturels » ou inexpliqués, sans enquête ni compensation.
La communauté internationale, la FIFA et les amateurs de football doivent réclamer la justice. La Coupe du Monde 2034 ne peut être confiée à un régime qui utilise le sport pour masquer la souffrance et détourner l’attention de ses propres abus.