En juin 2025, la compagnie aérienne nationale saoudienne, Saudia, a annoncé le lancement de vols directs entre Riyad et Moscou à partir du 1er octobre 2025. Cette nouvelle, relayée dans tout le Golfe, a pu sembler anodine — une simple extension des routes de voyage internationales. Mais en réalité, cette annonce symbolise un développement beaucoup plus profond et inquiétant : le renforcement des liens entre deux régimes autoritaires aux bilans catastrophiques en matière de droits humains et d’agendas anti-démocratiques. Le rapprochement de l’Arabie saoudite avec la Russie ajoute une raison urgente de s’opposer à sa candidature pour organiser la Coupe du Monde FIFA 2034.
Une augmentation des voyages — et une déclaration politique
Selon les données officielles russes, le nombre de visiteurs saoudiens en Russie est passé de seulement 9 300 en 2023 à 52 400 en 2024 — une augmentation stupéfiante de 570 %. Cette dynamique s’est poursuivie en 2025, Moscou enregistrant une hausse de 50 % des arrivées saoudiennes au premier semestre. Cette croissance s’explique en grande partie par la mise en place d’un système simplifié de visa électronique pour les citoyens saoudiens.
Saudia a rapidement saisi l’occasion en annonçant trois vols hebdomadaires entre Riyad et Moscou. Bien que présentée comme un avantage touristique et logistique, cette décision envoie un message bien plus profond : une coopération stratégique renforcée, reflet d’une alliance politique, diplomatique et idéologique.
La Coupe du Monde : une question de valeurs
La Coupe du Monde n’est pas qu’un simple tournoi. Elle est censée incarner l’unité, la paix et la compétition équitable à l’échelle mondiale. Accorder un tel événement à un pays comme l’Arabie saoudite — connu pour sa répression systématique, sa censure et ses violations des droits fondamentaux — compromet profondément ces valeurs. Le fait que ce même pays resserre ses liens avec la Russie, actuellement sous sanctions pour son invasion de l’Ukraine, rend la situation encore plus préoccupante.
L’axe russo-saoudien : une alliance dangereuse
La Russie et l’Arabie saoudite partagent une tradition commune de répression des voix dissidentes, de musèlement de la presse et d’éradication de la critique. L’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’annexion illégale de la Crimée et les persécutions contre les opposants comme Alexeï Navalny ont isolé Moscou sur la scène internationale. Pourtant, au lieu de s’aligner sur les efforts mondiaux pour contenir cette agression, l’Arabie saoudite choisit d’intensifier ses liens avec le Kremlin.
Cette complicité devrait alarmer FIFA, les amateurs de football et les défenseurs des droits humains. Si l’Arabie saoudite est prête à s’allier avec un régime isolé pour ses crimes de guerre, que dit cela sur les valeurs qu’elle apportera à la scène mondiale en 2034 ?
Le sportswashing en action
L’Arabie saoudite ne cache pas son objectif de redorer son image internationale par le biais du sport. Depuis les investissements massifs dans des clubs de football, la boxe, le golf ou la Formule 1, jusqu’à l’obtention de la Coupe du Monde, le royaume mène une campagne globale pour détourner l’attention de son bilan en matière de droits humains.
Derrière les stades étincelants et les vedettes médiatiques se cache un régime responsable de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, de l’emprisonnement d’activistes féministes et de l’exécution de dissidents politiques. Les travailleurs migrants y sont toujours exploités, la liberté d’expression y est pratiquement inexistante, et les personnes LGBTQ+ y vivent dans la peur constante.
En développant désormais des liens économiques et diplomatiques avec la Russie, le royaume montre clairement où vont ses préférences : du côté de l’autoritarisme, et non du progrès.
La Coupe du Monde doit se mériter, pas s’acheter
FIFA prétend que la Coupe du Monde est un événement porteur de bien, un symbole d’unité et de diversité. Pourtant, en accordant les droits d’accueil à l’Arabie saoudite, elle envoie un message contraire : celui que l’argent, le pouvoir et la propagande priment sur l’éthique, les droits humains et les réalités vécues par les opprimés.
Choisir Riyad comme hôte, c’est valider un régime qui, en plus de réprimer chez lui, s’allie désormais à un pays responsable d’une guerre illégale.
Complicité avec l’agression russe
Le choix saoudien de resserrer ses liens avec la Russie sabote les efforts internationaux visant à isoler le Kremlin. Alors que la plupart des pays sanctionnent Moscou, soutiennent l’Ukraine et condamnent les crimes de guerre, Riyad déroule le tapis rouge aux intérêts russes.
Ce n’est pas de la neutralité — c’est de la complicité.
Il faut du courage moral
Le monde du football — joueurs, fans, fédérations, sponsors — doit faire preuve de courage éthique. Il ne suffit pas d’applaudir les beaux buts si ces matchs sont joués sur la souffrance de populations réduites au silence. Il faut se poser la question : que signifie le silence de FIFA face à l’oppression ?
Il est temps pour FIFA de revoir sa décision. Il est temps pour les gouvernements de s’exprimer. Il est temps pour les citoyens de dire non.
Refusons la Coupe du Monde FIFA 2034 en Arabie saoudite
Nous sommes à un tournant. Les vols directs vers Moscou peuvent sembler anodins, mais ils sont symboliques d’un partenariat entre deux nations qui rejettent les droits humains. Organiser la Coupe du Monde à Riyad ne sera pas une célébration du football — ce sera une apologie de la répression étatique.
FIFA ne doit pas le permettre.
Il est temps de réclamer l’annulation de cette décision. L’intégrité du football et la crédibilité de FIFA en dépendent.