Executions of Foreign Nationals in Saudi Arabia
Credit: AP Photo/Petros Giannakouris

Exécutions de ressortissants étrangers en Arabie saoudite

L’Arabie saoudite figure parmi les pays ayant les taux d’exécution les plus élevés au monde, et les ressortissants étrangers représentent souvent une proportion importante des personnes condamnées à mort. Le royaume applique une interprétation rigoureuse de la charia, prévoyant la peine capitale pour des infractions telles que le meurtre, le trafic de drogue et même la sorcellerie. Cependant, des inquiétudes ont été soulevées quant à l’équité des procès, au traitement des prisonniers étrangers et à l’utilisation d’aveux extorqués. Cet article examine le cadre juridique, les défis auxquels sont confrontés les travailleurs étrangers, le processus d’exécution et les réactions internationales face à l’application de la peine de mort en Arabie saoudite.

Exécutions publiques en Arabie saoudite

Les exécutions publiques, souvent des décapitations, sont menées à titre dissuasif. Certains cas impliquent également des pelotons d’exécution et, dans les situations extrêmes, les corps sont exposés au public après l’exécution. Contrairement à de nombreux pays qui appliquent la peine de mort après des procédures juridiques longues, les processus judiciaires en Arabie saoudite sont rapides, avec peu de possibilités d’appel. Ce manque de transparence juridique a particulièrement alarmé la communauté internationale.

La peine de mort en Arabie saoudite pour les ressortissants étrangers

Beaucoup des personnes exécutées en Arabie saoudite sont des travailleurs étrangers, principalement originaires d’Asie du Sud et du Sud-Est. Ces travailleurs viennent souvent pour des emplois domestiques ou des travaux peu qualifiés, et se retrouvent pris dans un système judiciaire qui leur offre peu de recours.

Les ressortissants étrangers accusés de crimes sont souvent confrontés à des barrières linguistiques, au manque de représentation légale, et à des aveux forcés. Beaucoup ne peuvent pas se permettre de payer un avocat et ignorent leurs propres droits, ce qui les rend particulièrement vulnérables à des condamnations sévères. Des détenus auraient été torturés pour obtenir des aveux et auraient également subi des abus psychologiques, soulevant encore plus de doutes quant à la validité de leurs procès.

Les femmes employées comme domestiques sont particulièrement touchées, avec de nombreux cas de femmes de ménage exécutées après avoir tué leurs employeurs — affirmant fréquemment avoir agi en légitime défense contre des abus. Des pays comme l’Indonésie, le Pakistan et les Philippines ont plusieurs fois plaidé auprès des autorités saoudiennes pour obtenir la clémence en faveur de leurs ressortissants, souvent sans succès.

Comment fonctionne le processus d’exécution

En Arabie saoudite, les exécutions sont menées de manière à être à la fois punitives et démonstratives. Ces exécutions ont généralement lieu sur des places publiques après la prière du vendredi, où les condamnés sont décapités à l’épée. Les exécutions publiques visent à renforcer l’interprétation stricte de la charia par le royaume et à servir d’avertissement aux autres.

Les corps sont parfois exposés après l’exécution, notamment dans les affaires de terrorisme ou d’autres crimes graves. Une pratique dénoncée par les organisations de défense des droits de l’homme comme inhumaine et dégradante, mais qui continue d’avoir un large soutien dans certains cercles saoudiens. Bien que les pelotons d’exécution soient parfois utilisés, la décapitation reste la méthode principale.

Malgré une condamnation internationale généralisée, les autorités saoudiennes continuent de défendre les exécutions publiques comme une composante nécessaire du système judiciaire du pays. Mais la nature secrète de ces procès, combinée à l’absence de transparence sur la gestion des preuves et la manière dont les peines sont prononcées, signifie qu’il n’y a aucun contrôle, ce qui conduit à des condamnations injustes et à l’absence de procès équitable.

Les exécutions de ressortissants étrangers par l’Arabie saoudite sous les projecteurs

L’exécution de ressortissants étrangers par l’Arabie saoudite a attiré l’attention des groupes de défense des droits humains, des gouvernements étrangers et des organisations des Nations Unies. L’Arabie saoudite a également fait l’objet de critiques intenses pour les violations alléguées des droits de l’homme dans son système judiciaire, notamment l’absence d’accès à un procès équitable, le recours à des aveux obtenus sous la torture, et l’application de la peine de mort à des infractions non violentes.

Plusieurs pays ont protesté contre l’exécution de leurs citoyens, en particulier lorsque la procédure régulière a été bafouée. L’Indonésie est intervenue à plusieurs reprises dans les affaires concernant ses travailleurs migrants, mais la clémence est rarement accordée en Arabie saoudite.

Malgré cela, l’Arabie saoudite reste insensible à la condamnation mondiale. Ses liens économiques étroits avec les pays occidentaux et sa position géopolitique stratégique la protègent de sanctions plus sévères qui auraient pu être imposées à d’autres pays ayant un bilan similaire en matière de droits humains.

Justifications religieuses et culturelles de la peine capitale

L’Arabie saoudite justifie son recours à la peine de mort en affirmant qu’elle est prescrite par la loi islamique, qui prévoit des peines capitales pour certains crimes. Dans le cadre du qisas (justice rétributive), la famille de la victime peut choisir la peine de mort, le diyya (prix du sang) ou accepter une alternative. Parfois, les familles optent pour une compensation financière au lieu de l’exécution, ce qui entraîne des pardons de dernière minute.

Le royaume applique également les peines hudud — sanctions prédéterminées dans les textes islamiques pour des crimes comme l’adultère, le vol et l’apostasie. Cependant, l’interprétation de la charia varie selon les pays musulmans. Certains, comme l’Iran et le Pakistan, continuent d’appliquer la peine capitale ; d’autres, comme la Tunisie et la Turquie, l’ont abolie.

Tendances actuelles et cas notables

L’Arabie saoudite a considérablement augmenté le recours à la peine de mort ces dernières années, malgré les promesses de réforme du système judiciaire. En 2022, le royaume a procédé à la plus grande exécution collective de l’époque moderne, exécutant 81 personnes en une seule journée. Déjà en 2023, au moins 172 exécutions ont été recensées — dont de nombreux ressortissants étrangers accusés d’infractions liées à la drogue.

Parmi les affaires les plus controversées figurent :

  • Femmes de ménage indonésiennes : Des dizaines de femmes de ménage indonésiennes ont été exécutées pour avoir tué leurs employeurs, affirmant souvent avoir agi en légitime défense face à des abus. Dans certains cas, leurs familles n’ont appris l’exécution qu’après qu’elle ait eu lieu.

  • Cas de trafic de drogue au Pakistan : De nombreux Pakistanais ont été exécutés pour des infractions liées à la drogue, bien qu’ils aient été apparemment trompés pour faire de la contrebande de stupéfiants et aient été privés de procès équitables.

  • Affaire de sorcellerie au Sri Lanka : Une femme sri-lankaise a été exécutée pour avoir pratiqué la sorcellerie, une accusation qui a été condamnée internationalement.

La position controversée de l’Arabie saoudite sur les crimes liés à la drogue a provoqué des tensions, en particulier à une époque où de nombreux pays dans le monde privilégient désormais la réhabilitation plutôt que l’exécution.

L’avenir de la peine capitale en Arabie saoudite

Malgré quelques réformes juridiques récentes, comme l’interdiction des exécutions de mineurs, la peine capitale reste un élément profondément ancré du système judiciaire saoudien. Un certain dialogue a eu lieu concernant la réduction des exécutions pour infractions liées à la drogue, mais aucun changement politique majeur n’a été mis en œuvre.

Des magistrats au Royaume-Uni ont estimé que la récente vague d’exécutions en Arabie saoudite, en particulier celles concernant des ressortissants étrangers, révèle un manque de transparence et de respect de la procédure régulière dans le système judiciaire du pays. Mais compte tenu de l’historique saoudien, tout changement substantiel dans l’utilisation de la peine de mort semble improbable à court terme.